Le taux d’inflation au Canada s’est accéléré pour atteindre son niveau le plus élevé en une décennie. Au mois d’octobre, il se situait à 4,7 % sur les douze derniers mois. Nous pouvons le constater avec le prix des aliments et de l’essence. C’est un sommet inégalé depuis février 2003, il y a près de 20 ans[1]. Elle demeure cependant plus élevée aux États-Unis avec un niveau jamais atteint en près de 40 ans[2]. Il faut cependant faire attention à cet écart, car le calcul n’est pas tout à fait le même. À titre d’exemple, notre voisin du Sud inclut le prix des voitures usagées alors que celui du Canada n’en tient pas compte.
Je me posais la question, quelle influence peut avoir la hausse de l’inflation sur les performances boursières. Dans un article de La Presse du 19 aout 2021, Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement mentionnait :
« On a une économie forte et l’inflation à la hausse. Et malgré tout, les banques centrales gardent les taux très bas. Ça entraîne plein de conséquences sur le portefeuille. Ça amène plein de gens à vouloir devenir actionnaires plutôt que créanciers. Ça stimule les marchés boursiers. »
D’autres articles font cependant mention que si ce niveau d’inflation persiste, ça pourrait avoir un impact négatif sur le marché boursier. Qu’en est-il vraiment ?
Analysons ensemble les performances boursières du S&P500 (États-Unis) avec le taux d’inflation annuel depuis 1928 :
Il ne semble pas y avoir de corrélation claire entre les deux données. C’est sans doute en raison du fait que le marché boursier est censé être prospectif alors que l’inflation est davantage calculée sur des données passées. Même si nous décalions les données afin de tenir compte de cet écart, il ne semble pas avoir de relation claire.
Même lors d’années où l’inflation était supérieure aux données actuelles, le marché boursier a démontré une bonne solidité.
Voici un tableau qui classe les taux d’inflation annuels civils les plus élevés avec les rendements correspondants sur le marché boursier :
Le rendement moyen du S&P500 de 1947 à 1976 a été de 9,4 %, ce qui est environ le rendement moyen long terme de l’indice depuis plus de 90 ans. Huit années sur ces 17 ont offert des rendements dans les deux chiffres. Près du tiers des rendements ont été supérieur à 20 % alors que l’inflation était au sommet.
Évidemment, le rendement réel est inférieur une fois l’inflation prise en compte, mais ce n’est pas un total désastre pour les marchés boursiers, non plus, lors de période inflationniste soutenue.
Quand on y pense, c’est logique, les compagnies n’absorberont pas l’entièreté des hausses de prix et une bonne partie de l’augmentation des couts sera transférée aux consommateurs. N’est-ce pas la définition même de l’inflation ?
Ainsi les couts afférents aux affaires augmentent, mais les profits également. En fait, certaines des plus fortes croissances des bénéfices se sont produites dans les années 1940 et 1970. Il s’affaire que ces deux décennies ont connu des taux d’inflation parmi les plus élevés historiquement.
Je ne vais pas prétendre connaitre ce qui va se passer en termes d’augmentation de prix futurs dans l’économie. Votre opinion sera aussi bonne que la mienne ! Cependant, si l’inflation continue de se maintenir à ces niveaux encore longtemps, ça ne veut pas dire que le marché boursier en souffrira nécessairement !
[1] L’inflation poursuit son ascension — LaPresse — 17 novembre 2021
[1] L’inflation au plus haut depuis 39 ans — Agence France-Presse — 11 décembre 2021
Les renseignements contenus dans ce présent article ont été préparés par Sylvain Lapointe, un conseiller en placement rattaché à Valeurs Mobilières PEAK inc. ; ils ont été obtenus de sources que nous croyons fiables, mais ne sont pas garantis et pourraient être incomplets. L’auteur ne se tient pas responsable des décisions financières des lecteurs suite à cette lecture. Les opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles de Valeurs Mobilières PEAK inc. Valeurs Mobilières PEAK est membre du Fonds canadien de protection des épargnants.