J’entame ma 21e année dans le domaine de l’investissement boursier, j’ai connu ma part de bulles. À commencer par celle des titres technos à la fin des années 1990, mais aussi la bulle immobilière américaine de 2006-2007. Après 10 années de bons rendements boursiers, j’ai jugé qu’il serait à point de reprendre en partie un article[1] intéressant qui récemment traitait du sujet.
Comme l’auteur mentionne, il est facile de parler de bulles, après qu’elles aient éclaté. Mais combien de gens sont en mesure d’identifier correctement une bulle au moment où elle se produit? Un des problèmes des bulles est qu’elles sont très difficiles, voire impossible, de prévoir le moment de leurs éclatements. Je me souvent d’un commentaire en 1996 D’Alan Greenspan, l’ancien responsable de la Réserve Fédéral Américaine qui parlait déjà d’exubérance irrationnelle, en parlant des marchés. Il a fallu attendre 4 autres années avant de voir cette exubérance se dégonfler de façon brutale.
Quelles sont les conditions qui sous-tendent une bulle? Bien que chacune soit différente, il y a des éléments qui semblent récurrents:
– Le sentiment que «cette fois-ci, c’est différent.»
– Un engouement pour une nouvelle technologie, pour une nouvelle façon de faire les choses ou pour un changement de loi. La plupart du temps, les bulles se forment à partir de prémisses rationnelles avant d’être emportées par l’engouement et l’enthousiasme créés par les hausses de prix.
– Une bulle, c’est comme un party. Tout le monde veut faire partie de l’action, mais les lendemains ne sont pas toujours agréables!
– Des prix qui augmentent rapidement et le sentiment de manquer le bateau si on n’y participe pas. La peur du regret peut être puissante et elle pousse plusieurs à acheter dans une bulle. «Oui, mais tout le monde le fait. Mon beau-frère, qui n’y connaît pourtant rien, est en train de s’enrichir avec ça.»
– Une difficulté à évaluer la demande du bien qui fait l’objet de l’engouement. Durant la bulle techno, la plupart des sociétés Internet ne faisaient pas de profits (certaines n’avaient pratiquement pas de revenus), certains analystes évaluaient les titres Internet en fonction d’un multiple des dépenses de recherches et développement!
– Les gens ne voient que le potentiel d’appréciation et on a tendance à oublier les risques.
– Ce qui m’amène au dernier point: une évaluation qui devient déconnectée de la réalité économique.
Une bulle peut se poursuivre longtemps et souvent il s’avère que plus le prix se détache de la réalité économique, plus le potentiel de hausse est élevé. Mais tout actif financier devra un jour ou l’autre être évalué en fonction de sa valeur économique réelle, c’est-à-dire en fonction de ses profits actuels et futurs.
Les médias y jouent également un rôle en écrivant abondamment sur le sujet. Maintenant, avec tous ces éléments mentionnés, êtes-vous en mesure d’identifier une bulle dans le marché boursier actuel?
[1] Journal les Affaires du 28/09/2018 écrit par Philippe Leblanc.