C’est un article dans le journal Les Affaires du 10 septembre dernier, écrit par Martine Roux, qui m’a inspiré le sujet. Nous avons tous reçu le conseil de nos parents de rembourser nos dettes rapidement et de les maintenir au minimum, particulièrement ceux qui ont connu la période délirante du début des années 1980 avec des taux hypothécaires 5 ans de plus de 20 %! Mais qu’en est-il vraiment? Doit-on payer toutes nos dettes rapidement ? Si j’avais connu ce genre de taux, ma réflexion serait peut-être différente aujourd’hui! Cependant, le retour à des taux aussi élevés est quasi impossible en raison de la démographie actuelle et du fait que la Banque du Canada contrôle et connait mieux les dangers de l’inflation.
Tous d’abord, il est important de différencier trois types de dettes : les bonnes, les mauvaises et les neutres. Pour moi les bonnes dettes sont celles contractées pour l’achat d’un bien dont la valeur s’apprécie avec le temps, comme un immeuble, ou de bons investissements. Également celles pour mettre sur pied une entreprise, s’instruire ou se perfectionner. À l’opposé, il faut éviter de s’endetter pour acheter des biens qui ont une durée de vie éphémère comme les voyages, les vêtements et les appareils informatiques. Je qualifie de neutre une dette contractée pour l’achat d’un bien dont la dépréciation accompagne sensiblement la durée d’amortissement de la dette, comme l’automobile, les meubles et les appareils électroménagers.
Il y aura toujours des gens qui sont allergiques aux dettes et qui vont tenter par tous les moyens d’accélérer leurs paiements. Je ne suis pas en train de dire qu’il est mauvais de payer ses dettes rapidement, bien au contraire. Il est important de respecter nos valeurs et nos sentiments dans ce processus et cette stratégie est un modèle de saine gestion des finances personnelles. Ce que je tente d’illustrer cependant est que ce modèle, dans un contexte où les taux d’intérêt sont aussi bas, n’est pas le meilleur moyen de s’enrichir.
Il est important et primordial de payer rapidement les prêts à fort taux d’intérêt, comme les cartes de crédit. Pour les emprunts à des taux plus faibles, comme les marges de crédit hypothécaire, ils peuvent servir de levier intéressant au moment opportun. Parlez-en à tout entrepreneur qui a eu recours à un emprunt pour acheter une entreprise, il saura vous le dire.
Cependant, nul besoin d’être en affaires pour bénéficier de l’effet de levier. Il suffit d’emprunter une somme et de l’investir dans un bien ou un investissement qui s’appréciera davantage que le coût net de l’emprunt. C’est de cette façon que certaines personnes réussissent à faire fructifier de l’argent qui ne leur appartient pas. À titre d’exemple, il est relativement facile de nos jours d’emprunter à un taux de 3.50 % et de générer des gains supérieurs à ce taux dans un CELI (compte épargne libre d’impôt).
C’est pour cette raison que je dis qu’il n’est pas toujours judicieux d’accélérer le paiement de certaines dettes. Cependant, il est important de réaliser que cette stratégie ne convient pas à tout le monde et l’aide d’un expert est recommandée. N’hésitez pas à faire appel à votre conseiller financier qui saura vous épauler et, de plus, pourra dans certaines circonstances rendre vos intérêts sur l’emprunt déductible d’impôt.
Les renseignements contenus dans ce présent article ont été préparés par Sylvain Lapointe, un conseiller en placement inscrit auprès de Valeurs Mobilières PEAK inc. ; ils ont été obtenus de sources que nous croyons fiables, mais ne sont pas garantis et pourraient être incomplets. L’auteur ne se tient pas responsable des décisions financières des lecteurs suite à cette lecture. Les opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles de Valeurs Mobilières PEAK inc. Valeurs Mobilières PEAK est membre du Fonds canadien de protection des épargnants.