Je suis forcé de constater qu’il y a des choses diamétralement opposées dans notre système financier et dans le discours de nos dirigeants politiques. Depuis quelques années nous lisons régulièrement des articles sur la situation critique de l’endettement de nos ménages québécois et canadiens. À nouveau, le 10 décembre dernier, la banque du Canada soulignait sa préoccupation face au niveau alarmant de dette au Pays qui atteint 163.7 % du revenu disponible des ménages, ce qui est un sommet jamais franchit. Même le Fonds monétaire international avait émis des inquiétudes en novembre dernier sur l’économie canadienne et le niveau d’endettement des particuliers.
En même temps, on entend nos politiciens dire que la reprise économique passe par la consommation et que les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas, justement dans le but de stimuler les dépenses des consommateurs. Nos gouvernements mettent sur pied toutes sortes de mesures afin d’inciter les contribuables à s’endetter davantage avec des programmes comme EcoRenov, toujours dans le but de stimuler l’économie. Qu’adviendra-t-il du niveau d’endettement, le jour où les taux d’intérêt seront appelés à augmenter ?
Autre situation préoccupante, nos institutions financières favorisent l’endettement en accordant trop facilement du crédit. C’est une belle façon d’augmenter leurs bénéfices annuels, au détriment du bilan financier des consommateurs. Quelle est la part de responsabilité de nos institutions financières et de nos gouvernements dans la situation de l’endettement actuel des ménages?
D’un autre côté on nous martèle à quel point il est primordial d’économiser pour nos vieux jours. Plusieurs programmes incitatifs ont d’ailleurs été mis sur pied ces dernières années dans le but de stimuler et de faciliter l’épargne, comme le CELI et le RVER. Mais qu’en est-il des taux d’intérêt sur nos épargnes?
Selon la banque du Canada : «Le bas niveau des taux d’intérêt dans les économies avancées est certes nécessaire au soutien de la reprise économique à l’échelle mondiale, mais il alimente aussi les vulnérabilités au sein du système financier. Cette faiblesse persistante des taux continue de fournir aux investisseurs en quête de rendement, une incitation à prendre des risques excessifs»
En effet, depuis quelques années, une des mesures prises pour relancer l’économie se fait sur le dos des épargnants, en ce sens que les taux d’intérêt sur les épargnes sont quasi nuls. Les retraités qui comptaient vivre de leur rendement d’intérêt, doivent se tourner vers d’autres types de revenus, souvent plus volatiles.
Il y a un élément positif qui ressort de tout cela. Récemment, le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, mentionnait en entrevue, que l’une des raisons pour laquelle il a manqué la cible du déficit zéro que de « 2.5 milliards »!, est que les Québécois économisent davantage. Selon ses mots : « On s’appuyait sur un taux d’épargne au Québec qui était utilisé depuis plusieurs années. Il y a eu une révision récente par Statistique Canada au mois d’octobre, les taux d’épargne ont été recalculés un peu partout au Canada. Dans le fond, au Québec, le taux d’épargne est deux fois plus grand que celui qu’on utilisait dans nos calculs ». Je suis un peu perplexe face à ce chiffre et à son impact, mais tant mieux s’il s’avère véridique !
La situation demeure préoccupante et complexe. Mais s’il est vrai que nous épargnons plus, il faut continuer de maintenir cette discipline et à l’approche du temps des fêtes, on se doit d’éviter de tomber dans le panneau de la consommation excessive et échapper à la faramineuse facture du mois de janvier.
Joyeuses Fêtes !
Les renseignements contenus dans ce présent article ont été préparés par Sylvain Lapointe, un conseiller en placement inscrit auprès de Valeurs Mobilières PEAK inc. ; ils ont été obtenus de sources que nous croyons fiables, mais ne sont pas garantis et pourraient être incomplets. L’auteur ne se tient pas responsable des décisions financières des lecteurs suite à cette lecture. Les opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles de Valeurs Mobilières PEAK inc. Valeurs Mobilières PEAK est membre du Fonds canadien de protection des épargnants.